« Ah que le monde est grand à la clarté
des lampes »
Charles Baudelaire
"Par les temps qui courent..."
c'est le titre provisoire de la création 2018 pour laquelle nous sommes en résidence, pour une deuxième session aux Ateliers Frappaz CNAR de Villeurbanne, du 2 au 8 octobre 2016.
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Depuis pas
mal de temps déjà, nous naviguons.
Nos
mouillages sont ces places publiques que nous transformons lors de nos escales.
A chaque fois, c’est l’occasion de montrer notre cargaison de poésie et de
rêve. Et d’offrir, à tous, des instants rares et partager des regards précieux.
Nous sommes
des artisans-voyageurs, attirés par l’ailleurs et par les autres.
Des
navigateurs de l’asphalte et du chemin poussiéreux.
Pour ce nouveau voyage, nous embarquons un peintre du monde, un dompteur d’images, un poète qui caresse les touches noires et blanches, un contrebassiste de haute taille, des sculpteurs de feu, des orfèvres de sons, des acrobates de ferraille précieuse, et… cette petite flamme… vacillante… fragile… qui nous donne à voir les ombres du monde.
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"Par les temps qui courent, je pars, range les fleuves dans les boites à
chapeaux ; au fond des écrins d’aiguilles à phonographe je pose 2
mystères.Les dieux fâchés je les prends sous mon aile
; l’énigme je la porterai sur ma tête,
couronne de carton !
Je pars héler le feu, compter les pays sur
un boulier de perles rares, vendre des doutes au marché d’un parage.Par les
temps qui courent j’enfourche la piste, apprendre les signaux des patelins
perchés, sertir mes empreintes d’inouï, couler des limons, porter l’estocade,
les points d’une interrogation à des bibliothèques.
J’irai -croquant- troquer des balivernes. Le jour sera fêlé
-sans doute- déconvenu, acide d’un affront, pelé, âcre, soudain, peuplé de
races. Peu importe à la vérité les poisons
chantants, les menteries d’apôtres, les veillées d’hommes d’où sortent des
venins, des cornes d’abondance.
Je pars héler le feu, causer au bleu des
flammes d’aventure.
Le jour sera beau du souvenir, comme le
pardon, les nervures d’iris, beauté que rive l’incertain, comme un sexe de
Joconde, telle les créatures de l’oued où passa un archange.
Voilà les sentiers que prirent les verriers
nomades, les transhumances des bêtes à masque d’hommes, un chanteur-charbonnier
ravaudeur de faïence et puis des va-nu-pieds harnachés d’amulettes. Voilà le
ciel des migrations d’oiseaux, des colporteurs de braises à 3 valises, des
marins qui vont sans voile courir l’imaginé."
Denis Péan
juin 2015
lors d'un des premiers laboratoires de recherche.
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